cerisetravestie
CRISE DE MOEURS ( Fiction - nouveauté 2013 ! Chap 35)
Le 11/09/2013
"Vous avez huit jours pour me verser les cinq mille euros, Maurice...mais attention, cela ne veut pas dire que votre protégée ne devra pas payer la totalité, je vous avertis. Puisque vous vous occupez de son cas, je vous considère maintenant comme sa complice dans cette affaire" s'exclama Ferrand lorsque Maurice lui proposa de ne payer qu'un acompte à sa crapuleuse demande.
"Je ne vous permets de me considérer autrement que pour ce que je suis, un homme intègre qui a le sens de la justice et de la solidarité, qualités qui vous sont étrangères évidemment. Je vous redis que je ne suis mêlé à aucune opération frauduleuse, présente ou passée....je n'en dirais pas autant de vous, Ferrand" répondit sèchement Maurice
"Vous me peinez Maurice...votre petit numéro de vierge éffarouchée irait mieux à votre copine trav !..Encore que, si j'ai bonne mémoire, elle ne semblait pas très farouche, la dernière fois que je l'ai vu, au Cap d'Agde...c'était pas le jour où nous nous sommes croisés, mais, le lendemain, je crois ou le surlendemain, peut-être. Elle était avec un homme, pas vous....et était très légèrement vêtue d'après mes souvenirs, enfin, une tenue très.sexy, vous voyez le genre.....et cet homme, qui la suivait de quelques pas, il l'a suivie dans un parc, dans le centre, vers le bord de mer....Ah, les embruns! Le soir venu...c'est bon pour la santé, n'est-ce pas ?....Après, ce qui s'est passé dans ce jardin n'avait rien avec une promenade de remise en forme, j'peux vous l'dire ! Elle semblait vraiment bien en main,votre copine et puis, d'autres hommes sont sortis des bosquets environnants. A ce moment-là, vous comprenez, n'étant pas amateur ni mâteur de travestis lubriques se livrant dans un espace public à des pratiques exhibitionnistes, je me suis éclipsé."
Ferrand changea de ton, se rapprochant de Maurice et de sa bouche déformée par la haine vomit ces mots : " Tout ça pour vous dire que votre pute doit cracher ce qu'elle doit. Sinon, on saura que vous l'hébergez, ok papy ?".
Ces mots sonnaient très durs à l'oreille de Maurice qui, une fois de plus se tenait droit dans ses bottes. "Il était donc là, ce salopard..." se dit-il, "Nathalie avait senti une présence un soir, je m'en souviens qu'elle m'en avait parlé, on aurait du partir le soir même après avoir croisé cette enflure. Mais elle, cette conne, qu'est-ce qui lui a pris de jouer la pute, comme ça ?". Certes, les agissements de Nathalie, entrainée fermement par Jean Pierre à s'exhiber devant ces hommes donnaient du grain à moudre à Ferrand. Mais si Maurice voulait être honnête avec lui-même, la situation lui permettait aussi de passer du temps avec Christiane. Lorsque, rentrant d'une après midi coquine à l'hôtel, sa maîtresse avait aperçu Nathalie et Jean Pierre sur le chemin de leur appartement, Maurice se doutait bien qu'il se passait quelque chose entre eux deux. Après tout, on était au Cap d'Adge, l'esprit de l'échangisme avait encore frappé ! Seulement, la malignité et l'avidité de Ferrand étaient aussi de la partie. Peut-être même avant leur départ, qui pouvait savoir ?
Huit jours plus tard, Maurice remit à Ferrand une enveloppe dans le parking souterrain de la Société. Le paquet contenait les cinq mille euros en petites coupures de vingt et dix euros. " Je ne vous fais pas de reçu, Maurice, vous comprenez. " avait-il fait d'un ton narquois. " N'oubliez que vous devez toujours quinze mille euros. Ne me faites pas tarder Maurice, c'est compris ?"
Quinze mille euros, c'était une somme qu'il avait du mal à digérer. Il se dit que même si son intérêt était que cette affaire reste confidentielle ( du moins jusqu'à ce qu'il trouve des preuves pour dénoncer Ferrand), ce n'était pas à lui seul d'en supporter la charge.
"Mais je n'ai pas un centime, Maurice, tu le sais pourtant.." avait fait Nathalie lorsque son compagnon d'infortune lui avait narré les derniers événements. Maurice, un brin irrité, en voulait à la femme de ne rien pouvoir donner. " Si je pouvais, je donnerais tout ce que j'ai, même si ça me parait injuste et dégeulasse" avait-elle reprit. Et Maurice de répondre " ça me fait une belle jambe, on voit bien que c'est pas toi qui va casquer !! Pourtant, c'est bien toi qu'il a vu, dans le jardin public, au Cap en train de tirer une pipe à Jean Pierre, non ? Et devant d'autres mecs, en plus !!".
La révélation soudaine de ce que Nathalie croyait comme oublié, retentit comme un boulet de canon. Son pouls s'emballa d'un coup et une injection d'adrénaline lui monta au cerveau, l'anesthésiant totalement. Comment savait-il ? Etait-ce Jean Pierre, qui, pour se venger se son prochain divorce, avait fait savoir à Maurice les frasques de Nathalie ? Mais alors, comment Ferrand, le savait-il aussi ? Etaient-ils de mèche ? Les hypothèses se mélangeaient dans la pauvre tête de Nathalie.
Tout celà ne faisait que renforcer la culpabilité de Nathalie dans cette affaire, bien que consciente du fait que depuis le début de sa relation avec Maurice, elle avait souvent, trop souvent été fermement encouragée', pour ne pas dire forcée par chantage ou ultimatum, à suivre le chemin qu'on lui imposait. Si elle avait des torts, c'était plutôt d'avoir manqué de répartie, de personnalité, de courage et d'avoir accepté autant de choses de la part de Maurice et de tous les autres hommes qui avaient abusé d'elle.
D'autant que, dans cette histoire, Maurice, lui, y avait trouvé son compte en entamant une relation avec Christiane. S'il n'avait pas eu le champs libre, aurait-il pu aussi facilement conclure avec la femme de Jean Pierre ? L'hypocrisie dont faisait preuve Maurice montrait à quel point ses intérêts financiers dépassaient de loin ses valeurs morales. Et puis, qui disait que Christiane, qui faisait une travail de sappe depuis la fin des vacances ne jouait pas un rôle là-dedans ?
Les échanges Maurice et Nathalie furent, pour une fois, pour la première fois même depuis le début de leur relation, équilibrés. Alors en nuisette, mules à talons aux pieds, elle lui dit qu'il avait profité de sa situation de supériorité depuis le début. Elle savait qu'il entretenait une relation avec Christiane et qu'elle allait devoir partir un jour ou l'autre. Elle le faisait énergiquement mais comme une femme désormais. Il fallait croire qu'à présent hormonée, Nathalie avait trouvé sa place et accepté son destin. Du coup, elle pouvait consacrer plus de forces à sa défense. Elle n'était pas encore assez forte pour se hisser à la hauteur de l'homme mais assez pour ne plus subir silencieusement les reproches et les réprimandes.
En acceptant l'idée que Maurice ne devait pas être le seul à payer ( car l'affaire étant antérieure à l'arrivée de fabien chez l'homme, le chantage aurait quand même continué), Nathalie s'engageait sur une voie qui ne laissait guère de surprises. Comment une transexuelle allait-elle pouvoir réunir autant d'argent en si peu de temps, si ce n'est en marchandant son corps ? Ce corps remodelé pour plaire aux hommes allait servir et asservir plus encore la femme. En même temps, pour une fois, c'est elle qui allait prendre la décision et serait rémunérée pour la vente de ses charmes, contrairement à ses expériences précédentes. De son côté, Maurice, qui, dans un premier temps,en l'entendant s'exprimer et lui répondre, la trouvait insolente, considéra avec attention et une certaine bienveillance - non dissimulée - la proposition de Nathalie. Il lui dit même qu'elle était courageuse.
Cette situation n'aurait d'ailleurs pas que des inconvénients pour Maurice. Sans compter que l'apport financier réduirait partiellement ou totalement sa participation à l'effort de guerre, la nouvelle activité de Nathalie l'éloignerait certainement, au moins pour un temps, de chez lui. Du même coup, ça permettrait d'envoyer à Christiane des signes positifs.
Nathalie y gagnerait certainement en indépendance vis à vis de son féminisateur et Maître. Il semblait donc qu'elle avait tranché dans sa tête en entamant son traitement . Elle deviendrait une transexuelle et plus tard, peut-être une femme. Si elle voulait pouvoir retrouver un certain équilibre dans sa vie, c'était à ce prix-là. La question était de savoir comment trouver des clients. Pas question de faire le trottoir. Il lui fallait des informations, des réseaux, des appuis. Naturellement, elle se souvînt de Sandra qui lui avait avoué avoir financé sa transformation en vendant son corps. Elle serait une source de renseignements, et peut-être, de contacts précieuse.
Ainsi était la nouvelle Nathalie. Après avoir été encagée, féminisée, exhibée, prêtée, hormonée, elle allait devenir, Nathalie, la prostituée. Mais une prostituée libre, qu'elle serait. A travers cette décision lourde, elle gagnait aussi sa liberté vis à vis de Maurice. Et le premier de ces actes de libération fut l'ouverture de cette cage de chasteté qui maintenait prisonnier son sexe d'homme depuis quatre mois sans interruption. La sensation de liberté qu'elle ressentit dans sa chair constrastait avec la vue de ce organe devenu à présent complètement inerte et à la fonction basique d'évacuation de la miction. Elle avait pris l'habitude d'être prise régulièrement par Maurice qu'elle ne se posait plus de questions quant à son rôle dans un rapport sexuel.
Libérée, elle contacta sa copine Nadia et lui demanda de joindre Sandra pour une sortie entre filles. Nathalie n'avait jamais été autant femme et contente de l'être. Maurice s'en aperçu. Il se demanda s'il avait bien fait de la libérer de son entrave et s'il faisait une bonne affaire. mais avait-il le choix ? Probablement que oui. Seulement, son refus de payer était plus fort, alors, il décida de lâcher la bride. Il tenterait néanmoins de garder la 'femelle' en laisse pour quelques temps encore.
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CRISE DE MOEURS ( Fiction - nouveauté 2013 ! Chap 36)
Le 13/09/2013
"Tu es sûre de vouloir te lancer dans le métier ?...Tu sais, c'est physique, c'est le moindre qu'on puisse dire !" Sandra, très prévenante, semblait dubitative quant aux vélléités de Nathalie. En reprenant : " Bon, j'voudrais pas te faire du mal, mais, t'es en cours de traitement, c'est déjà très fatiguant et puis surtout, chérie, ne le prends pas mal, mais il y a de la concurrence et des filles plus jeunes que toi. Les clients, soit on se les fait à vingt ans et on tente de les garder avec les années, soit on baisse les prix et on galère pour faire le taf..." Nathalie écoutait son amie, alors que Nadia était en train de paopoter avec une copine qu'elle avait croisée dans le restaurant où les trois drôles de dames avaient décidé de dîner ce soir-là.
" Oui, tu as raison, Sandra et je ne me vexe pas de ta remarque mais, qu'est-ce que je peux faire pour gagner de l'argent en étant une trans, en encore, pas 'finie' " fit Nathalie d'un geste de ses doigts aux ongles longs et vernis imitant des guillemets. "...Je n'ai pas envie de faire le trottoir, je ne suis pas folle, tu sais. J'ai quarante ans, et et ne connais pas le 'métier' , alors, c'est sûr que je ne vais pas rivaliser avec des filles qui font ça, souvent forcées, en plus,les pauvres, depuis des années. Et puis, c'est craignos, la rue...non ! j'en ai trop peur. D'ailleurs, si j'en suis là, c'est justement parce que je n'ai pas voulu prendre le risque de m'y retrouver."
Sandra reprit, " ça me rassure, chérie, parce que, quand tu m'as parlée de faire des clients, j'ai pris peur. Tu sais, moi, je l'ai fait pendant deux ans. J'avais dix neuf ans, tu te rends compte ? J'avais connu qu'un mec avant mon premier client. on était sortis ensembles quelques mois avant qu'il me largue. Du coup, je me suis dit que j'étais sûre de mes choix et que j'avais envie d'avancer dans ma transformation...qui n'est en fait que l'envie de mettre en conformité la femme que je suis avec mon apparence, Point barre. D'ailleurs, c'est un truc qui me turlupine....hihi, enfin, sans jeu de mot..hihi, excuse....t'es sûre, de vouloir aller jusqu'à l'opération finale ? J'ai pas l'impression que t'en as vraiment envie. C'est ton corps, chérie, et faut pas faire ça parce que ton mec te le demande. Nadia m'a un peu parlée de toi. C'est quand même bizarre ton histoire avec ton mec, non ? "
"Pourquoi ?"
"T'aurais jamais eu l'idée de te travestir puis de prendre un traitement seule, visiblement, non ? T'étais hétéro avant."
" Oui, j'étais un homme qui couchait avec les femmes, c'est vrai..mais j'ai vu qu'il suffisait qu'une personne un peu dominante me fasse faire telle ou telle chose, me dise d'être telle personne pour que je le fasse et le devienne. C'est bien qu'il y avait à la base quelque chose, non ? C'est vrai que l'opération me fait peur. Bon, la poitrine, je dois dire que c'est moins compliqué parce que c'est pas aussi, comment dire, définitif...mais la fabrication d'un sexe féminin et l'ablation de mes..;hihi.couilles...bon, c'est difficile, j'avoue. De toute façon, je n'ai rien décidé et puis, c'était Maurice qui devait payer ça. Alors....."
"... Tu sais Nath, tu peux te contenter d'être une très belle femme trans en gardant tes attributs. ça plait beaucoup aux hommes qui nous aiment comme nous sommes. Et, pour les clients, je peux t'assurer qu'ils en rafolent. Tu seras surprise du nombre de mecs qui kiffent de voir notre petit robinet entre des cuisses bien lisses. Ils viennent même pour ça ! Sinon, il y a les filles biologiques, comme y disent. Mais quand on bande, certains, pas tous, c'est vrai, ont envie de passer à la casserole...ça laisse le choix ! hihi"
"hihi....Oui, je sais, mais bon, pour le côté actif, j'ai pas mal de problèmes maintenant avec les érections. Je ne sais pas si c'est les hormones ou le fait qu'il a été encagé et inactif pendant.ouh..plusieurs mois, je ne même plus, c'est dire !...mais mon pénis répond très mal et très peu quand je me caresse, et même si je pense à un mec...Maurice m'a dit qu'avec un sexe atrophié comme le mien, il n'était plus nécessaire de garder la cage en permanence. Il veut m'en acheter une en métal, comme un tube, avec le bout ouvert, juste pour l'exhib...je ne sais ce qu'il a dans la tête encore, celui-là. Enfin, tu vois, Sandra...je pense que ça aussi, c'est derrière moi."
" ça arrive, j'suis au courant....c'est les hormones...parce que, à voir tes seins qui poussent et ta voix qui a vraiment changé, j'ai l'impression que ton organisme les reçoit bien !...d'un côté, c'est mieux, certaines filles ont des effets indésirables suite au traitement de fond, d'un autre côté, bon, c'est un deuil à faire. Raison de plus pour ne pas l'enlever, c'est un petit bijou tout mignon alors, maintenant ? hihi..non ?. C'est sûr que le petit oiseau va se balancer moins vigoureusement........mais, dis-moi, tu ressens des choses, quand même quand tu te caresses ?"
"Oh, oui, assez, il faut que je me caresse comme si c'était un clito, tu vois, avec un seul doigt, très doucement, ssu..."
"...ss...Sur le frein !!! " avaient-elles répondu de concert. A la suite de quoi, elle pouffèrent un cri strident qui fit réagir Nadia au loin .
Sandra, sentant le retour imminent de Nadia, dit à Nathalie : " Sinon, pour finir avec tes projets, moi, je te verrai bien escort. T'as de la culture, tu présentes bien, t'es instruite, discrète et tu vas bientôt avoir un décoleté à se faire damner tous les saints du ciel !! hih "
"Ah bon ?...peut-être, oui...Mais comment faire pour trouver des hommes ?"
"En général, ce sont des mecs friqués qui sont stressés par leur boulot, ils ont des responsabilités et ont envie de se détendre en bonne compagnie. Certains aiment les femmes, d'autres, les hommes mais c'est plutôt rare en fait, et puis d'autres, ne rechignent pas d'avoir une jolie trans à leur table....et même, plus tard, dans leur lit ! Et pour ça, t'es payée bien plus car il faut avoir de la conversation, de la classe et pas être juste une bimbo avec des gros nichons. J'avais une copine, c'était une femme qui faisait ça, elle avait ton âge et elle croisait pas mal de trans. Les clients étaient des mecs de l'âge de ton Maurice. Et elles ne se plaignaient pas des pourboires qui pleuvaient s'il fallait leur faire un strip avec une petite gâterie. Parce que c'était souvent ce qu'ils demandaient, tu vois; Ils buvaient et mangeaient tellement, qu'ils pouvaient pas faire grand chose de plus !"
"Ok, je vois....mais moi, le strip, je sais pas faire Sandra..."
"Tout s'apprend, chéri, tout s'apprend !! tu savais sucer un mec, il y a un an ?"
"Heu...non.c'est vrai", répondit Nathalie, rougissant, confuse.
"Si tu veux passer l'hiver au chaud dans de bons hôtels, c'est escort qu'il faut faire, Il y a des agences, ou tu peux créer ton site, car c'est souvent par le net que ça se passe pour réserver la fille, ou les concierges des grands hôtels qu'il faut convaincre...ou séduire...ou les deux peut-être !! hihi"
"Et pourquoi, tu ne l'as pas fait, toi, à l'époque ?"
Ben, moi, tu vois, j'm'exprimais pas aussi bien que toi. J'avais quitté l'école sans diplôme à 16 ans. J'avais râté mon CAP de coifure...tu vois..et après, j'ai galéré. Des petis boulots...jusqu'à ce que je rencontre mon mec qui m'a encouragée à me travestir. Je l'avais fait plus jeune mais avec lui, c'était presqu'en permanence; Mais moi, j'aimais ça...;et je l'aimais, lui..aussi" dit-elle avec un brin de nostalgie.
Nadia revînt enfin à la table et demanda ce qui avait pu faire faire rire ses amies aussi fort...et les papotages reprirent de plus belle. Dans sa tête, Nathalie allait garder le souvenir de cette conversation avec son homologue transexuelle. Sandra avait de l'expérience sur la marché du travail du sexe. Elle avait travaillé aussi dans un eros center en Hollande pendant quatre mois, fait quelques films X après la pose de sa nouvelle poitrine. Maintenant, elle vendait de la lingerie érotique et des accessoires dans une boutique spécialisée et bossait occasionnellement dans un club libertin, comme animatrice, car elle n'avait jamais quitté complètement le mileu.
La prostitution avait été un moment de sa vie dont elle n'avait pas honte mais dont elle connaissait les dangers terribles. Elle espérait, de son côté que son amie ne se laisserait pas entraîner dans quelconque mésaventure. Les rencontres étaient souvent mauvaises et il était bien difficile de s'en sortir indèmne.
Nathalie voyait bien que la réalité et ses envies ne se rencontreraient pas si facilement. Elle avait soif d'indépendance mais Maurice la tenait encore. Le confort qu'il lui procurait, malgré les contreparties, lui évitait justement ces situations si dangereuses que les travailleuses du sexe peuvent rencontrer. Rester avec un homme qui l'entretenait n'était pas un si mauvais calcul si l'on voyait que ce fameux confort. Se mettait-elle, elle aussi, à regarder les choses sous l'angle financier ?
Pourtant, elle pourrait aussi, à terme, gagner pas mal d'argent en devenant escort girl, surtout si les clients demandaient des extras. L'heure du choix unique n'était peut-être pas encore venu. Il lui faudrait se renseigner un peu plus sur son nouveau 'métier'. Sandra lui indiqua une ou deux personnes à contacter. En attendant, elle rentrerait chez son Maurice. Mais combien de temps cette situation pourrait-elle durer ? Christiane n'avait qu'une envie, revenir. Et l'argent que ferrand réclamait, comment le trouver ?
Un matin, quelques jours plus tard, une information parvint, une information qui allait changer le cours des choses et précipiter les événements : Jean Pierre acceptait les termes du divorce d'avec Christiane.
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CRISE DE MOEURS ( Fiction - nouveauté 2013 ! Chap 37)
Le 14/09/2013
" Il a cédé, j'te dis !!!....cé-dé !!! ...putain, j'y crois pas !!!" Nathalie était dans tous ses états à la terrasse d'un café en compagnie de Nadia, venue à la rescousse. l'annonce d'un compromis entre Christiane et Jean Pierre était un cataclysme. Cela signifiait qu'elle allait retrouver une aisance financière qui lui permettrait enfin de bouger. Et Nathalie savait ce que la maîtresse de Maurice ne tarderait pas à faire : venir le retrouver ! C'était une femme de caractère, comme on dit pudiquement d'une personne autoritaire. Le même Jean Pierre qui s'était montré si dominant vis à vis de Nathalie avait finalement baissé les bras. Elle avait pourtant failli, elle-même, rejoindre Maurice, le croyant suffisament aisé pour subvenir aussi à ses besoins à elle mais Maurice lui avait conseillé d'être patiente et de négocier un divorce à l'amiable.Il avait eu raison car la femme allait se retrouver propriétaire d'un des trois studios que le couple possédait plus la moitié de la valeur de l'appartement qu'ils occupaient. Jean Pierre devrait certainement vendre l'un des deux studis restant pour verser la somme à son ex femme.
"Qu'est-ce que tu vas faire, maintenant ? T'es sûre qu'elle va vouloir revenir ? Mais l'appart n'est pas assez grand pour trois personnes ..."
"Qu'est-ce que tu crois, Nadia ? Cette salope, va tout faire pour me faire foutre à la porte !! Et qu'est-ce que je vais faire, moi ? J'ai pas de revenus, juste un rSa de misère, pas d'appart et mon traitement dont il faut quand même payer deux trois trucs non remboursés, .j'ai même pas de mutuelle ! C'est Maurice qui paie la différence....j'suis dans la merde, Nadia.." A ce moment là, Nathalie était une femme en détresse, fragile, appeurée. Ses petits seins bougeaient sous l'action de son emportement et ses maisn aux ongles vernis s'agitaient dans tous les sens, au rythme de ses boucles d'orielles; ces petits détails cosmétiques étaient certes insignifiants par rapport aux enjeux mais elle s'exprimait dorénavant uniquement comme une femme. Paut-être que c'est cal qui aller l'aider dans cette passe décisive.
"Bon, chérie, la situation est pas facile pour toi, c'est un fait mais, bon, je suis là pour t'aider et puis, Sandra aussi. Elle t'aime bien, je me demande si elle a pas un petit faible pour toi..."
"ha bon ?" avait fait Nathalie, sans vraiment prêter attention à ce que lui disait sa copine, tant elle était stressée.
"On trouvera une solution s'ils te mettent à la porte. Je vais en parler, moi aussi de mon côté à Maurice. Tu verras, tout finira par s'arranger".
L'optimiste de l'esthéticenne ne fut guère communicatif. Nathalie s'en faisait elle, pour son sort et c'était bien normal. Tout le monde dervait bientôt jouer cartes sur table dans cette histoire et la négociation avec Christiane s'avèrerait très difficile. Pour preuve, son intransigeance dans les tractations avec J.Pierre attestait de sa pugnacité. Nathalie ne savait plus vraiment quels choix faire. Visiblement, au moment où elle semblait reprendre un peu son destin en main, destin bien malmené pourtant, les événements s'acharnaient sur elle en la replongeant dans l'angoisse et l'incertitude. Christiane, comme aux échecs, allait, en un coup gagnant, devenir la pièce forte de la partie. Une fois l'argent en poche, la Reine Christiane ne ferait qu'une bouchée d'un Maurice usé par les problèmes. Il souvait habilement les apparence le sexagénaire mais au fond, il marquait le pas. A n'en point douter, Christiane saurait le convaincre de la laisser venir et se mettre en ménage avec lui. Avec une femme aussi forte, il pourrait affronter Ferrand, qu'il ne fallait pas oublier. Il était la plus sérieuse menace pour lui.
L'automne était entré dans son mois le plus déprimant, novembre. A présent, il allait falloir payer Ferrand qui en avait assez d'accorder des délais à Maurice. la situation était grave car le jeune cadre commençait à faire courir, sans se mettre en avant, des bruits de couloir sur la vie intime de Maurice. Il ne fallait que cela dure. De son côté, Nathalie attaquait son troisième mois de traitement et la deuxième phase commençait tout juste. Les hormones, combinées aux gels , tous plus puissants, donnaient désormais de beaux résultats sur la trans en formation. Elle ne faisait rien qui ne puisse énerver son compagnon. Elle était souvent vêtue sexy afin de stimuler son désir. Elle apprenait à attiser le désir de cet homme et n'avait plus honte de le faire. Elle jouait de ses atours féminins et, lorsque Monsieur s'accordait une pause en sa compgnie, elle faisait preuve d'une expertise telle qu'il la félicitait régulièrement. Ses mammelons, qui avaient été percés au début de la saison, s'étaient étirés désormais et avaient grossis sous l'action des hormones et des anneaux qui alourdissaient le bout des seins. Enfin, Christiane, avait déjà récupéré un studio et s'apprêtait à recevoir la somme correspondant à la moitié de la valeur de l'ancien appartement conjugual. J.Pierre avait finalement hypothèqué son domicile pour verser plus vite la somme et garder deux studios qu'il louerait à la belle saison. Ce qui voulait dire que les choses allaient s'accélérer.
C'est ce qu'il arriva un lundi matin. Qui aime les lundi matin ? Désormais plus Nathalie car elle apprit de la bouche même de Maurice que Christiane allait venir vivre avec lui. Il ne savait pas comment il ferait pour le logement, ni s'ils continueraient leur relation, seulement, leurs relations allaient changer de nature. " Tu comprends, Nath, je me rends compte que je suis profondément hétéro. Tu as fait et tu continues de faire de beaux efforts pour devenir une femme; j'apprécie, tu sais. Tu vas devenir une nana extra. ...Et au lit, tu sais donner à un homme tout ce qu'il peut espérer avoir d'une amante. Mais c'est compliqué. Christiane est une femme aussi. Elle a du caractère et ne veut pas partager. Elle n'a pas envie de te voir partager notre vie. Ce qui implique que, tant qu'on aura pas trouvé de solution, tu devras reprendre ta place sur le canapé lit. J'ai négocié de ne pas te mettre dehors. ça n'a pas été facile, crois-moi. Elle peut se montrer si dure parfois...."Maurice avait marmoné cette dernière phrase entre ses dents. l'intransigeance de sa maîtresse le rendait fou, parfois.
"Mais, j'y repense, tu m'avais parlé de ton projet de travail.enfin, tu vois ce que je veux dire...tu voulais faire des clients, c'en est où ? parce que Ferrand, lui aussi est sur les dents et il va falloir lui donner un truc. T'as pas la possibilté de faire quelque chose ? ça montrerait à Christiane que t'es pas accro à moi, et que tu fais ton maximum pour m'aider. Je suis sûr qu'elle apprécierait ta bonne volonté.".
Nathalie avait compris le message. Elle devait trouver quelques clients avant que la Furie du Sud ne débarque dans sa vie. Elle se dit qu'en attendant de trouver une agence, elle devait faire 'du chiffre'. Elle appela Sandra et lui brossa la situation. " Ecoutes, Nath, je veux bien te présenter un mec qui tient un bar à champagne mais, je ne crois pas que ton physique l'intéressera. Il veut que ses filles aient des poitrines énormes et bien visibles; tu vois, le genre poupée Barbie...et pour toi, c'est pas encore le cas...."
"Oui.mais, on peut lui dire que je vais.;;"
" Je sais, chérie, tu vas bientôt t'en faire poser.mais il te faut travailler maintenant...!....on va y aller cet après midi, et on verra bien ce qu'il peut faire, ok ?". Le rendez-vous était pris. Il fallait que Nathalie puisse faire quelques milliers d'euros pour contenter Maurice et surtout, Christiane, qui avait été mise au courant, bien malheureusement.
Lorsque les filles entrèrent dans le bureau de Mathias, Sandra lui sauta au cou pour lui faire des bises très appuyées. L'homme avait le même âge que Nathalie. Il était plus grand, plus rond et ses cheveux blonds lui auraient donné un air d'ange sans ses taouages sur les avant bras et sans sa barbe de trois jours. Nathalie se dirigea vers lui et lui fit deux bises également. Elle senti que la main de l'homme était sur sa hanche et non sur son épaule. Nathalie s'était vêtue en conséquence. Elle était là pour bosser en tant que prostituée et bien qu'elle ne l'avait pas prévu, elle se retrouvait plus ou moins à devenir 'mackée'. Ce n'était pas vraiment le cas car l'homme était un malin qui ne tombait pas dans les pièges des anciens maquereaux. Ses filles, bien que tenues, étaient des travailleuses indépendantes qui signaient des contrats avec l'établissement, lequele n'était pas au nom du réel propriétaire. De grosses commissions n'en revenaient pas moins dans sa poche.
"Sandra m'a expliqué ton cas; Bon, déjà, moi, je ne fais pas trop les trans parce que tous les clients n'apprécient pas . Tu vois, même Sandra n'aurait pas travaillé chez moi alors qu'elle est belle comme un coeur..." se tourna-t-il vers la femme en lui souriant.
"La deuxième chose, c'est que, Sandra m'a expliqué que t'allais bientôt subir une opération pour tes seins, et que, même si dans l'avenir, c'est une bonne chose pour le taf, pour l'instant, ça manque de relief tout ça; le prends pas mal mais c'est les affaires." Nathalie était abattue car, même en tant que transexuelle, bientôt prostituée, elle ne faisait pas l'affaire.
"Mais,..." reprit Mathias, " car il y a un mais, t'es jolie, t'as du charme, de la classe et ça, avec un ou deux peitis coups de bistouri, il y aura peut-être des opportunités pour une clientèle qui accorde de l'importance à ça. Moi, je fais dans les gars un peu lourds qui se posent pas de questions. Ils veulent des bombes qu'ils puissent peloter et faire avec elles ce qu'ils veulent. Donc, en attendant que tu reviennes bien rebondie...," fit-il en mettant ses mains au niveau des seins et souriant de sa facétie, " et comme il te faut du fric assez vite, il n'y a que des plans moins classe.ou alors, le trottoir, à la sauvage.mais bon, comme j'imagine que Sandra a pu te le dire, c'est pas une bonne solution. Les rues, aujourd'hui, c'est la jungle. En plus, les flics t'arrêtent pour un oui ou un non."
"Mais alors, qu'est-ce que je vais pouvoir faire ?" répondit Nathalie, désemparrée par le tableau brossé par Mathias.
"Ben, j'ai un pote qui tient un bar, c'est pas dans le centre. Il a une piaule derrière, à aménager en petit nid douillet, tu vois...Il peut t'embaucher comme serveuse et comme rapidement, ça se saura que tu fais des extras, tu pourras commencer à bosser. Il prend 60% des recettes pour la chambre mais il te fait une fiche de paie de serveuse avec une partie de la somme. qu'est-ce t' en penses ?"
Nathalie se tourna vers Sandra, dubitative....elle était loin des opportunités dont lui avait parlé son amie lors de leur dernière entrevue. A la place des hôtels quatre et cind étoiles, c'était dans un bar crasseux de banlieu qu'elle officierait. Le décor n'était pas le même. Mais Sandra lui fit un signe indiquant qu'elle ne trouvait pas si mal que ça la proposition, comme tenu des impératifs et des réalités. Sentant la situation s'éterniser, Mathias reprit, laconique " c'est ma meilleure et ma seule proposition. C'est à prendre ou à laisser".
C'est ainsi que Nathalie accepta. Mathias appela aussitôt sa connaissance lui expliquant qu'il lui envoyait une fille qui chechait à travailler. Il donna l'adresse à Nathalie sur un bout de papier et raccompagna les filles à la porte de son bureau.
"T'inquiète pas Nathalie, je viendrai m'assurer que tout va bien. Si t'as un problème, tu m'en parles, ok ? Je ne veux pas décevoir ma copine Sandra...hein, chérie ?" termina Mathias.
"Ben tu vois, t'as un boulot ! Bon, c'est pas le paradis mais tu vas faire des clients là-bas et c''est ce qui compte, non ? T'y restes le temps de satisfaire Maurice et sa meuf....et après, tu vois. Tu trouveras une agence d'escort...je vais demander à des copines...Bon chérie, je te laisse, tiens-moi au courant pour savoir si ton rendez-vous s'est bien passé, ok ? Allez, bisous"
Nathalie prit un bus et après une heure de trajet arriva dans le bar en question. Inutile de dire qu'avec sa jupe courte et moulante, ses bas sombres et des bottines en cuir noir aux pieds, elle ne passa pas inaperçue. Comme il fallait s'y attendre, on siffla dès son entrée dans le bar. Elle s'adressa à Abdel, l'homme qui avait eu Mathias au téléphone. Il allèrent discuter à une table à l'écart.
"Alors, c'est toi qui veut bosser ? bon, pour le service, c'est simple, il faut être bien polie avec le client, toujours bien mise, pas de pantalons,des talons, maquillée, parfumée, tout ça, quoi, ok ?"
"Oui Monsieur" fit timidement Nathalie.
"Je vais te montrer la chambre, je ferai un peu d'ordre et après, c'est toi qui t'occuperas de faire le ménage. D'ailleurs, je sais pas s'il t'a dit Mathias, mais, faudra faire aussi le ménage dans la salle. Tu commenceras l'après midi, à 15h et tu feras la fermeture, à une heure. Je te déclarerai comme serveuse, au smic, hein...et tu gardes tes 50%; ça te va ?"
"Oui Monsieur, mais...à une heure, il y a encore des bus pour le centre ?"
"Hihih, des bus ?; ici ?.....ah non, chérie, pas de bus.;déjà la journée...parce que t'as pas de voiture ?"
"heu, ben, non, en fait.."
"T'auras qu'à appeler un taxi. J'ai un cousin qui fait ça et qui habite dans le quartier; tu feras un client de plus, si tu veux pas y perdre trop. Sinon, j'pense que t'as compris qu'on n'est pas dans les beaux quartiers ici, alors, si tu veux bosser, faudra pas que les prix soient trop hauts...t'y as pensé ?"
"Non, pas vraiment....."
""Ah, ben, faut penser, chérie.....bon en gros, comme tous les mecs n'aiment pas forcément les travelos, enfin, les transexuelles...ils demandent souvent juste une gâterie. Ils viennent boire l'apéro vers 18h, avant de rentrer chez bobonne et y z'en profitent pour s'offrir un peu de bon temps. Tu comprends ça ?"
" Oui, Monsieur"
" Appelle-moi Abdel, chérie, parce que Monsieur, c'est pour les flics qui viendront voir qui t'es. Ils te demanderont deux trois trucs et c'est tout. Tant qu'il a pas d'hitoires, ils nous font pas chier. Donc, pour les tarots, c'est autour de vingt la sucette et si le mec veut plus, c'est quarante."
"Mais c'est peu..." reprit Nathalie, interoquée par des prix aussi bas
" Qu'est-ce tu crois, Princesse ?...c'est la banlieue, ici. Les mecs, ils ont de petits salaires, et souvent, pas de salaires du tout, alors, les plaisirs, faut qu'ils s'adaptent aussi ?...tu comprends ?"
Abel parlait à Nathalie comme si elle était une simple d'esprit tant elle tombait des nues à l'écoute de ces informations.
Maintenant qu'elle y était, elle allait devoir y aller. Elle accompagna le patron voir sa chambre. A la vue du lieu, elle fut horrifiée. Une pièce aveugle, avec un minuscule fenêtron donnant sur une cour pisseuse ferait donc office de lieu de travail. Abdel promit que d'ici trois jorus, il donnerait un coup de neuf mais ça ne rassura pas Nathalie.
En rentrant dans son bus, elle sut que les temps qu'elle allait passer dans ce bar à servir des clients avides, mâteurs et aux mains baladeuses, seraient très difficiles; mais il fallait faire quelque chose pour satisfaire les Maîtres du Jeu. Alors, le pion qu'elle était devrait mettre ses désirs de liberté en attente pour un temps et travailler dur.
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CRISE DE MOEURS ( Fiction - nouveauté 2013 ! Chap 38)
Le 16/09/2013
Lorsqu'elle se rendit, le lundi suivant à son travail, Nathalie regardait les les paysages urbains défiler dans la fenêtre du bus. Les allées bien entretenues et arborées du centre ville laissaient progressivement la place à l'environnement gris et métal d'une banlieue où l'abandon et le désoeuvrement étaient une giffle aux pouvoirs publics. Il y avait néanmoins, malgré les tours murées en attente de destruction depuis des années, une certaine esthétique qui conférait à l'endroit un intérêt urbanistique. Mais les décennies avaient passé sur le bêton et l'on n'y voyait plus aujourd'hui que la crasse et la grisaille.
L'arrêt s'appelait 'La Combe'. Quelle ironie pour Nathalie qui avait l'impression de descendre aux enfers! Son sort à court terme, bien que peu enviable, lui permettait malgré tout, de sortir de cette spirale d'angoisse dans laquelle l'avait jetée l'annonce de la venue prochaine de Christiane. Elle poussa la porte du bar, il était 14h30 et les derniers clients à avoir déjeuné s'en étaient allés. Deux retardataires, deux hommes d'une quarantaine d'années finissaient leur deuxième café. Ils travaillaient vraissemblablement dans le coin, des petits patrons ou des artisans. Ils jetèrent inévitablement un coup d'oeil à Nathalie puis se regardèrent d'un air complice en souriant. Pourtant, la femme n'avait pas de tenue provocante à proprement parler. Une jupe marron arrivant mi cuisse, des bottes, marron, elles aussi et en haut un pull blanc sous un trois quart beige, façon, trench.
"Salut Nathalie, ben, t'es en avance, c'est bien..." fit gentiment Abdel en lui faisant la bise. Elle trainait une valise dans laquelle elle avait mis du change, des serviettes et des produits d'hygiène et de toilette. A l'ouverture de la chambre, peu de choses avaient changé. " J'ai viré l'ancien matelas, c'était trop crade et puis, un collègue d'un client a filer un coup de barbouille...lila, on s'est dit que ça te plairait."
"Merci Abdel" répondit Nathalie, toujours aussi rebutée par l'endroit.
"Ah si, j'ai oublié la dernière fois...et c'est pas du luxe, t'auras une douche quand même et des toilettes. Là aussi, j'ai fait nettoyé. Ils sont que pour toi.....et pour tes clients, biensûr. Mais c'est toi qui t'en occupera, ok ? Sinon, faudra payer une femme de ménage....de ta poche." Abdel avait fait ce qu'il avait pu, il est vrai, autant que son établissement modeste le lui avait permis de faire. Il laissa Nathalie prendre ses marques et lui dit qu'il lui préparait un thé à la menthe.
Une demi heure plus tard, ils étaient au bar à mettre les choses au point quant au service. Abdel expliqua que la serveuse du matin et du déjeuner partait à 14h30. Aujourd'hui, elle était partie un peu avant mais d'habitude, elle débarrassait les tables des clients qui étaient partis, laissant les derniers autres à la charge de sa collègue du soir. il fallait donc porter la vaisselle en cuisine et nettoyer les tables, et balayer la salle après le service.
Le patron conduisit donc son employée à l'arrière et présenta Nathalie à Laurent, le chef et au plongeur Daniel. Personne ne fit de remarques déplacées au sujet de Nathalie et de son apparente transsexualité. Il faudrait attendre ses opérations de chirurgie esthétique pour gommer les traits masculins de la femme. Mais, malgré cela, son apparence était plaisante et Nathalie esquissa malgré tout quelques sourires. Puis ce fut au tour d'apprendre tout ce qui concernait le rangement des tasses, cuillers, et autres verres. Abdel, bien que présent la plupart du temps, voulait que sa serveuse sache aussi faire des cafés et tirer des bières.
" Quand tu seras seule, t'inquiète pas, ça n'arrivera presque jamais, mais quand ce sera le cas, et si il y a un client qui te demande une prestation, tu lui dis que t'attends mon retour. Ne laisse jamais le bar sans personne, ok ? Les garçons, eux partent vers 15h, ou 16h, s'il y a eu du monde à midi et le soir, ils reviennent vers 18, parce que le soir, je fais couscous et les tajines."
"Bien Abdel, je ferai comme ça." avait docilement repondu Nathalie.
Les premiers clients arrivèrent pour boire un verre. Nathalie se dirigea vers eux, les salua et prit leur commande, non sans s'être présentés. " Ah, c'est plus la p'tite jeune, Irina, elle était quoi, elle ?...Ukrainienne..j'sais pu..." s'était interrogé l'un des hommes "
"....Eh bien, bienvenue, mademoiselle, madame, peut-être ?...."
"Non, mademoiselle, et mon prénom, c'est Nathalie. Désolée, je ne suis pas Ukrainienne, seulement Française; je débute, alors, ne soyez pas trop durs.."
"..on sera doux comme des agneaux, Nathalie, on vous jure !" s'était exclamé un autre.
" merci, c'est gentil...alors trois demis et un café ?", avait répondu-t-elle cordialement.
C'était parti. Les commandes s'entassèrent, les paiements, les 'bonjours' et 'au revoir, à demain' s'enchaînaient...Nathalie semblait donner satisfaction à son employeur qui l'observait depuis le début de son service. Il est vrai qu'elle était distinguée mais pas hautaine. On la sentait finalement, presque heureuse d'être utile et d'avoir des relations simplement humaines. Elle était plaisante à regarder en plus de ça, avec sa jupe qui moulait son fessier et le bruit un peu des talons de ses bottes, lui donnaient une présence, un consistence, même. Arriva l'heure de l'apérétif et le bar s'emplit en moins d'une heure. Il fallut courir d'une table à l'autre tout en se présentant et en restant avenante et courtoise. les plateaux s'alourdissaient de verres de pastis et de carafes d'eau. Certains préféraient la bière. Il y eut même quelques femmes qui vinrent valider un loto et boire une momie.
Vers 19h30, Abdel indiqua à Nathalie qu'elle devait commencer à dresser les tables qui se libéraient. En général, il y avait entre vingt et trente couverts le soir; Ce n'était pas rien car les gens buvaient, les couscous nécessitaient l'apport de plusieurs plats, puis, il y avait les cafés...A la fin de l'apérétif, Nathalie aperçut bien un ou deux regards brillants la mâter. "Ce ne serait pas encore le jour pour les propositions", pensa-t-elle.
Pour l'heure, elle apprenait le métier de serveuse, sur le tas. Elle ferait de même pour son métier de prostituée car il en fallait du savoir faire pour cette activité. Il ne s'agirait pas de coucher avec des homems ou leur prodiguer quelque caresse réconfortante mais aussi de les écouter, de les comprendre, des les aimer, quelque part; Cela, Nathalie n'en avait qu'une idée diffuse tant son objectif était vénal. Elle en voyait pas l'humanité qu'il y avait dans ce lieu. Tous ces destins, brisés pour certains, ce manque d'affection, ce désert de confiance et de confidences, tout ce flot d'humanité désespérée qui se déversait dans la pièce aux néons blaffards.
Certaines personnes qui étaient venues pour l'apéro décidèrent de dîner. Nathalie, toujours très accorte s'adapta à leur demande et dressa à l'improviste de nouvelles tables. Elle ne sentait pas sa fatigue mais à coup sûr, ne se ferait pas prier pour 'endormir à la fin de son service. Encore lui faudrait-elle commander son taxi. Laurent en cuisine, s'affairait et, un brin ronchon, tentait d'affranchir Nathalie sur les mots précis à employer pour l'envoi des commandes. Ce n'était pas un mauvais bougre. Lui aussi avait connu la galère, la rue, un temps, même et avait finalement échoué sur cette île, au beau milieu de cette banlieue désolée. Certes, Abdel n'était pas le plus social des patrons mais il était 'règlo' alors ici ou ailleurs....et puis, le bar restaurant L'Oasis, ne portait pas si mal son nom finalement : Ici venaient ceux qui avaient soif de travail, d'écoute, de compagnie, de sexe.ou soif tout court !
Il était 22h30 et la salle commença à se vider tout doucement. Nathalie apportait les notes aux tables et dirigeaient les cleints vers la caisse d'Abdel pour s'en acquitter. A une table de trois hommes, elle sentit un main se poser sur l'arrière de sa cuisse lorsqu'elle leur apporta la note. L'homme la regardait en souriant, sans un mot alors que l'un de ses collègue lui dit qu'ils étaient enchantés de voir une aussi jolie serveurse dans ce lieu qu'ils appréciaient. Ne réagissant pas aux attouchements, elle écoutait, se disant qu'elle devait laisser venir les propositions afin que sa conduite ne soit pas assimilée à de la prostitution active. Celui qui parlait, alors que la main de l'autre carressait toujours la cuisse de Nathalie, indiqua qu'ils avaient leurs habitudes, ici avec les serveuses.
" Ah bon ?", fit-elle, faussement naïve
" Ben, oui, vous voyez, on apprécie la bonne nourriture, on aime l'ambiance et on adore les petits plus,...la fille qui servait avant vous, elle savait y faire avec les clients...vous voyez c'que j'veux dire ?"
" Oh, je crois oui..." fit-elle en souriant
" Et vous, Nathalie, est-ce que croyez qu'on pourrait s'amuser ensemble ?"
" Ben, je crois que c'est possible, oui..."
" Aaaaah, ça, c'est sympa à entendre !...et c'est toujours aux mêmes conditions ?"
"Je pense que oui.... c'est-à dire, c'étaient quoi, les siennes ?" et l'autre de s'approcher pour parler plus bas :
"Vingt pour une petite gâterie, c'est ça ?"
" C'est ça" Nathalie renseignait ses premiers clients en se faisant peloter. Au fond de la salle, Abdel remplissait la caisse et l'observant. Il voulait savoir si elle se comportait bien avec ses possibles clients, c'était aussi son intérêt. Du plaisir mais pas de grabuge ! Celui qui carressait Nathalie lui dit alors "tu m'emmènes derrière ?". Nathalie ne s'attendait pas à officier aussi vite. mais, après tout, elle était là pour ça...alors....elle se tourna en direction de Abdel qui lui fit signe qu'elle pouvait y aller. c'est alors qu'elle dit à l'homme :
"Tu me laisses deux minutes ?" Et voilà la première passe qui s'annonçait.
Au bout de deux minutes, pas plus, l'homme se leva et se dirigea vers la chambre qu'il connaissait déjà bien visiblement. Il entra sans frapper, ce qui lui valut une remontrance de Nathalie, habituée aux moeurs polies des gens bien éduqués. Elle était une pute, certes, mais elle tenait au respect de la bienséance, expliqua-t-elle à l'homme, sonné par un langage aussi châtié. Les clients avaient l'habitude de filles peu éduquées qui ne prétaient guère attention aux formules de politesse. Sa braguette n'en fut pas moins vite ouverte et savonnée comme il se doit. " Tu sais, j'ai pris une douche avant de venir, j'suis pas un clodo." fit le client un brin vexé par la méthode.
"Probablement, chéri mais c'est comme ça que je travaille, ok ? Bon, t'as les vingt euros ?". Le ton qu'employa Nathalie la surprit elle-même. Elle était complètement le personnage, comme on dirait au cinéma, sauf que là, il fallut qu'elle suce cet homme jusqu'à ce qu'il éjacule dans sa bouche. Elle avait une expertise dans l'art de faire des fellations délicates et savoureuses pour ceux qui en jouissaient. Maurice l'avait bien dressée pour ça. Enfin, une expérience qui s'évérait utile et rentable! L'homme fut enchanté par la prestation et aussitôt sorti, s'empressa de faire des louanges de la nouvelle à ses collègues impatients.
Lorsque Nathalie revint dans la salle pour continuer son service, les autres hommes de la table la regardèrent avec une sorte de contemplation admirative. Au passage à proximité, ils rappelèrent la serveuse. "Nathalie, j'aurais, moi aussi, un petit service à vous demander....Jeannot m'a expliqué que t'étais à cheval sur les principes, j'aime ça, faut être classe avec les dames!...." renchérit le beau parleur...
"Ok, laisse-moi dix minutes et je te rejoins dans ma chambre. Fous pas le bordel sinon, tu repars sans rien."
"Très bien ma belle, je t'attends sagement" avait dit le deuxième client. Peu après, elle apparut dans la chambre et l'homme s'était lavé, il l'avait promis. Il tendit l'argent et Nathalie entama son oeuvre avec la même ardeur et savoir faire que la première fois. Seulement, il fut tellement excité qu'il en voulut plus.
" Tu veux faire l'amour ?...c'est vingt de plus chéri..."
Et voilà vingt euros de plus dans la poche de la prostituée. Elle enleva son pull, et sa poitrine percée intrigua et excita l'homme. Puis, elle défit sa jupe par l'arrière et baissa son string en regardant son client dans les yeux. Elle se retourna. Son air parlait pour elle. " Tu viens ?" lui fit-elle....L'homme contenpla le cul de la femme et glissa, à la demande de la professionnelle, son sexe dans un préservatif. Il fit glisser le dard le long de la raie puis appuya pour faire entre le gland. Tout cela se fit sans difficulté, ni pour l'un ni pour l'autre. Nathalie avait l'habitude d'être régulièrment sodomisée et les penis de tailles standard entraient sans forcer. Il la prit en levrette, la labourant énergiquement, comem une femme puis jouit une dizaine de minutes plus tard. Le 'beau parleur', comme elle l'appela portait bien son nom car il voulut en savoir plus sur cette femme 'pas comme les autres'.
" J'connaissais pas le sexe avec une femme comme toi...."
"Une trans ? et alors, t'as aimé ?"
" Oui, une trans, comme tu dis....oausi ! C'est bon, tu sais...et j'peux dire que les femmes, enfin, les autres, elles sucent pas aussi bien...pourtant, j'suis pas homo. Pour moi, t'es pas un mec, c'est clair..."
" Tu reviendras me voir, alors ?..Bon, faut qu'j y aille..."
Nathalie sentait bien que cet homme avait envie de parler. Ils avaient sensiblement le même âge. Seulement, le travail l'appelait en salle. Il y avait même peut-être d'autres clients qui attendaient que la chambre soit libre.
L'homme ressortit, un peu déçu, une fois qu'elle lui dit qu'elle devait y retourner.
"Tu reviendras me voir, d'accord ? l'après midi, il y a moins de monde. On pourra plus parler, hein ?". Nathalie se faisait grande soeur en réconfortant son client dépité mais heureux de cette chaleur humaine qui lui manquait tant dans sa vie de tous les jours.
Ce soir là, Nathalie fit encore deux autres clients, arrivés sur le tard. Ils avaient un peu bu. Nathalie leur fit la leçon, leur demandant d'être polis. Cette habitude risquait fort de devenir sa marque de fabrique dans le coin ! Elle suça et masturba les deux hommes à la chaîne. A la fermeture, Abdel récupéra tout l'argent qu'elle avait gagnée, le sépara en deux, selon l'arrangement puis appela un taxi. Une fois le taxi payé, il ne lui restait que vingt euros en poche. Certes, elle aurait un bulletin de salaire mais, combien de clients lui faudrait-il faire pour rembourser Ferrand ? A ce rythme, elle devrait travailler trois ans pour amasser la somme, et encore, en vivant comme une smicarde
....Ou alors, elle devrait faire plus, beaucoup plus de passes par jour. ce n'était pas impossible car elle avait donné satisfaction. Sa réputation se ferait rapidement, il le fallait si elle voulait pouvoir compter un peu plus face à une Christiane conquérante et désormais riche.
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CRISE DE MOEURS ( Fiction - nouveauté 2013 ! Chap 39)
Le 17/09/2013
La semaine reprit dès le lendemain après midi. Nathalie était revenue à l'heure, en bus, comme la veille. Lorsqu'elle était rentrée chez elle, du moins chez Maurice, l'homme dormait déjà. Elle dut défaire, comme au 'bon vieux temps', le canapé lit et s'endormir sans faire de bruit. Le lendemain, elle s'était levée à 6h30 pour faire le petit déjeuner. Il ne fallait pas que son nouveau travail, aussi tardif et épuisant fut-il, ne vienne perturber l'emploi du temps de Maurice, et encore moins le contrarier. Elle lui avait un rapport circonstancié de sa journée de travail. Elle dut, non sans honte, lui dire combien de clients elle avait eu. L'homme l'avait regardée d'un oeil plein de pitié, de regret mais aussi, avec un peu de mépris pour ce qu'elle était devenue. Il ne savait qu'elle serait son sort, mais elle ne pourrait plus prétendre à la couche du maître de maison. Il s'intéressa néanmoins aux conditions de travail de son ex compagne, la rassurant qu'elle trouverait bientôt un logement digne d'elle lorsqu'elle lui décrivit la misérable chambre dans laquelle est devait satisfaire ses clients. Il lui rappela en outre qu'il continuerait à financer la part non remboursée de son traitement et que dès l'affaire Ferrand règlée.
Mais Nathalie insista pour participer au paiement de la somme. Il en allait de son honneur. Seulement, avec ses vingt euros de bénéfice, Ferrand aurait doublé, décuplé la somme avant qu'elle n'y ait pu participer de manière significative. En plus d'être humiliée par l'insignifiance de son bénéfice, elle devait subir la pitité de maurice.
Il l'encouragea à mettre de l'argent de côté pour financer ses opérations qui feraient d'elle une trans avec une plus forte 'valeur ajoutée'. La formule la renvoyait cruellement à un simple objet de consommation. Mais c'était ce qu'elle était, en tout cas, durant ses heures de travail. Elle affirma à Maurice qu'elle mettrait les bouchées doubles pour exister financièrement. Cela dégouta presque Maurice de d'entendrer celle qu'il avait façonnée s'exprimer ainsi. Celle qui était devant lui et qui avait été un homme au départ, devenir une créature utilitaire dévouée au simple plaisir sexuel de clients hommes. Elle allait recevoir des dizaines, des centaines d'hommes et être traitée comme une chose. Elle garderait toute sa vie ce poids sur les épaules. Elle serait au mieux une 'ancienne pute' et Maurice se sentait malgré tout responsable de ce destin peu enviable. Malgré cela, il était attaché à son confort, alors, il évitait de voir la réalité de trop près.
Il promit à Nathalie qu'il discuterait avec Christiane pour voir quelle situation acceptable pour tout le monde pouvait être envisagée. Il savait sa nouvelle femme, inflexible mais sa conscience lui dictait de ne pas lâcher Nathalie aux mains d'exploiteurs peu scrupuleux.
Lorsque le samedi arriva, ce ne fut pas la fin de la semaine pour Nathalie la serveuse, loin de là. Une fois par mois, Abdel organisait un couscous royal pour les habitués. Et ils étaient nombreux !Car même si Laurent n'était pas de 'là-bas', il savait préparer un succulent couscous qui réunissait une bonne cinquantaine de convives. A cela s'ajoutait la soirée où une danseuse orientale, puis une sono emmenait la foule jusqu'à très tard. L'Oasis prenait alors des airs de boîte de nuit. Et biensûr, ils fallait du personnel pour servir tout ce beau monde. Pour le coup, Natacha, la fille qui travaillait du matin était de corvée. Elle arriva en fin d'après midi et allait travailler avec Nathalie jusqu'à trois heures du matin. Abdel avait obtenu une autorisation régulière, une fois pas mois de fermer aussi tard à condition qu'il n'y ait pas de problèmes, ni à l'intérieur, ni pour le voisinage.
Cette journée dantesque qui s'annonçait et se répèterait dans les mois à venir, n'eut pas le temps d'effrayer la femme. Elle était dans un tel rythme de travail qu'elle ne se posait pas de questions. D'une certaine manière, elle retombait dans une sorte d'aveuglement programmé, comme au temps où elle fut féminisée par Maurice. Elle commença par faire connaissance avec Natacha, une étudiante de condition modeste qui travaillait au bar pour gagner de quoi financer ses études. On ne peut pas dire que la première rencontre fut chaleureuse. Natacha semblait avoir prit sa collègue en grippe avant même de la voir. Elle savait ce que Irina faisait avec les clients et se doutait que Nathalie avait reprit le flambeau.
Après avoir installé les tablées, et servi les apéros, Abdel demanda à Nathalie d'aller se changer pour donner un côté plus festif au service. C'est qu'il avait le sens de la fête, le Berbère!...le sens de la fête et des affaires aussi, car il savait que ce samedi serait une grosse soirée pour Nathalie. Sa prédécesseure pouvait en moyenne, recevoir une quinzaine d'hommes dans la petite chambre et parfois même, elle n'en bougeait pas pendant près d'une heure, enfilant trois ou quatre passes à la suite.
C'était peut-être pour cela que Natacha lui en voulait, elle qui n'avait pas voulu 'être la Pute du bar'. Certes, elle recevait un bonus pour les soirées spéciales et ne crachait pas dessus mais elle savait aussi que sa collègue prostituée, doublait, triplait peut-être son salaire. Seulement, pour gagner cet argent, il fallait accepter d'être baisée par une grande partie des hommes célibataires du quartier, voir par des hommes mariés deshérence sexuelle et assumer leurs regards. La 'Pute de l'Oasis' changeait de tête mais pas de réputation. Tout le monde savait, quelque fût son identité, qui elle était. Fort heureusement, Nathalie n'habitait pas dans ce quartier où les femmes ne sont d'ordinaire guère respectées, alors que dire des transexuelles qui tapinent....
Quand elle apparut dans une robe à volants rouge, mi-courte, moulant son torse et laissant ses épaules nues, Nathalie fut remarquée par les hommes et les femmes. Son androgynie ne passait pas inaperçue mais elle avait déjà les faveurs de la dizaine d'hommes qui avaient bénéficié de ses services durant la semaine. Une partie d'entre eux la tutoyaient déjà avec une cordialité sans mépris. Faisant des bises à tour de bras, elle était une sorte de copine qui donne du plaisir si l'on sort quelques billets de sa poche.
Les femmes présentes, et il y en avait beaucoup, la décortiquaient des cheveux aux escarpins, se demandant comment cette créature pouvait se vêtir ainsi et se comporter comme une femme. Elle connaisaient le manège de la serveuse et l'on pouvait lire sur certains de leurs visages, un mélange de répulsion et d'une sorte de fascination. Elles savaient que Nathalie n'était pas une femme au sens génétique du terme. Certaines même, ne la considéraient pas comme une femme. Pourtant, on ne pouvait pas dire qu'elle manquait de maintien, juchée sur ses sandales écarlates, boucles d'oreilles orientales, pendantes, et bijoux fantaisie. Elle avait forcé la dose de parfum, certes mais entre les odeurs d'épices et d'anisette,il fallait attirer la clientèle.
Malgré tout, elle avait du courage d'apparaître ainsi, car tout le monde, à l'exception des enfants peut-être, savaient qu'elle était la 'pute du coin'. Et du courage, il lui en fallut plus encore par la suite car ses premières passes ne tardèrent pas.
A peine la salade mechouia servie, un homme au bar l'avait prise par le bras en lui demandant " t'es libre pour un câlin ?". Il fallut bien que Nathalie réponde par l'affirmative car les chiffres de la soirée lui permettraient de relever la moyenne d'une première semaine poussive.L'affaire fut conclue en quelques mots. L'homme voulait la 'totale'.
"Y parait que tu suces mieux qu'une femme.....et pis, le reste, la mienne, elle veut pas, alors, j'viens te voir.". Nathalie avait compris qu'il lui fallait acceuillir la détresse de ces hommes que personne ne voulait entendre ni comprendre. Cela sonnait comme un écho à sa propre existence. Alors, elle prit le ton, les codes et la familiarité de sa clientèle sans pour autant effacer ce qu'elle était profondément, ce que Fabien avait été jadis : un jeune homme bien élevé. Elle répliqua au demandeur:
"Faut pas en vouloir à ta femme, c'est délicat, les épouses...et puis, pour ça j'suis là. Tu vas voir, mon biquet, je vais bien m'occuper de toi...allez, suis-moi". Natacha, qui savait que pendant les vingt prochaines minutes, se retrouverait seule en salle, suivait, elle aussi sa collègue de ses yeux noirs.
Le couscous n'était pas encore servit les plats de salades commençaient tout juste à revenir en cuisine que Nathalie avait déjà passé deux clients. Le second avait frappé à la porte et avait du attendre son tour, selon les injonctions de la professionnelle. Il fallait qu'elle fasse attention à faire bonne figure et que ses allées et venues ne se remarquent pas de la clientèle. Se repoudrant entre chaque passe, elle réapparaissait avec la fraîcheur d'une nouvelle venue dans le métier. Malgré tout, Nathalie n'avait plus vingt ans et ce qu'elle devait assumer en une seule journée de travail creuserait rapidement ses traits.
La soirée allait commencer, oui, seulement maintenant que le repas s'achevait, que les thés à la menthe abondaient, fumants, sur les tables. La lumière se faisait plus douce et les deux serveuses s'activaient pour rapatrier toute la vaisselle en cuisine. On n'y chômait d'ailleurs pas, là non plus. Daniel, qui était d'origine vietnamienne, était un bourreau de travail. Avec lui, les paniers d'assiettes défilaient dans un ballet incessant au milieu d'un nuage de vapeur.
En salle, d'autres clients affluaient. Ils venaient pour le spectacle de danse orientale. C'était Djamila, une plantureuse algérienne qui s'apprêtait à entrer en scène. Fière et sûre de sa beauté, elle ne remarqua même pas la présence de Nathalie. Lorsque la musique fut envoyée et que de petits projecteurs s'orientèrent vers cet Orient si proche désormais, un voile de sensualité féminine envahit l'espace dévolu à sa prestation. le corps parfait de la fille se mit à se contortionner dans une mécanique irrésistible. Les mains frappèrent en rythme, les yeux se firent brillants, cherchant du regard la belle mais elle disparaissait aussitôt derrière une étole, un voile de tulle tout en faisant onduler ses hanches ornées d'une petite chaîne dorée.
Nathalie n'eut guère le temps d'admirer l'artiste. Très vite, un client la demanda, puis un autre, puis un troisième, qu'elle en connaissait pas. A chaque tableau de la danseuse, la protistuée enchaînait une nouvelle passe, comme si les deux femmes, chacune dans leur spécialité, faisaient danser dans une étrange symbiose, le coeur et le corps des hommes.
Quand le spectacle s'acheva, elle dut bien revenir, discrètement, et aider Natacha à débarraser les dernières tables. Puis, elle rejoint Abdel au bar, prenant des commandes et servant des bières. La soirée dansante battait son plein. les gens étaient heureux de se retrouver dans ce lieu simple. L'alcool faisait sont oeuvre et le sexe aussi. Certains hommes qui étaient passés entre les jambes de Nathalie étaient restés, certains pour pavoiser auprès de leurs copains, d'autres pour continuer à faire la fête en chantant à tue-tête des titres à la mode.
Quand elle apportait un plateau de boissons à une tablée déjà bien abreuvée, il n'était pas rare qu'une ou plusieurs mains se glissent dans l'intérieur de ses cuisses ou sur ses fesses. Elle n'y prêtait plus attention. Elle savait qu'elle appartenait aussi à sa clientèle car ces hommes, par leurs contributions pécuniaires seraient aussi, un jour, les clés de sa liberté.
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